Edito
Chaque pas vers demain est un pas vers l’inconnu.
Et c’est bien connu, l’inconnu fait peur !
Sentiment bien humain qui est de plus en plus présent dans notre quotidien !
La faute au monde qui tremble, aux secousses qui font vaciller nos certitudes et font de l’avenir un terrain peu propice à la rêverie et aux utopies de la création.
Et pourtant, s’il est une certitude qui nous maintient, c’est l’action de créer, la force émotionnelle d’une œuvre, un ensemble qui peut ré-enchanter notre quotidien.
C’est avec cette conviction à l’âme que nous avons tracé le sillon de cette nouvelle saison.
Nous entendons les murmures de plus en plus forts, qui tentent de jeter le discrédit sur une culture qui ne serait qu’élitisme, qui mépriserait le peuple.
Mais qu’est-ce que le peuple, si ce n’est un ensemble cosmopolite, riche de ses différences ?
Est-ce qu’il n’appartient pas à nous autres, artisans de la culture, de proposer de la nouveauté, une offre plurielle qui cherche à faire grandir les connaissances, à marier exigences et plaisirs sans toutefois mépriser les valeurs sûres ?
C’est bien cela le projet de notre compagnie, un théâtre populaire tel que l’entendait Jean Vilar, un théâtre à mille lieues d’un théâtre populiste.
La démagogie n’a pas sa place dans un monde qui cherche le merveilleux dans les yeux de l’enfance.
L’enfance, la naïveté de l’enfance c’est ce qu’il conviendrait de préserver dans ce monde adulte qui trop souvent transforme le beau en laideur, par peur, par ignorance.
Oui, cette saison se veut ouverte et joyeuse, qu’il s’agisse de L’apnée du sommeil de Gilles Granouillet, véritable comédie qui réinvente le boulevard grâce à une écriture intelligente.
Qu’il s’agisse de Dialogue d’un chien avec son maître, la pièce de Jean-Marie Piemme, qui offre la parole au plus fidèle ami de l’homme, parce que depuis Jean de la Fontaine, il semblerait que nous écoutions plus favorablement les animaux.
Qu’il s’agisse enfin d’Et pourtant elle tourne, notre spectacle jeune public qui n’oublie pas que l’on peut apprendre en riant.
Nous continuerons donc, à maintenir le cap de la création, de l’offre culturelle, et de la transmission au sein de nos ateliers, dans les établissements scolaires, parmi les publics les plus éloignés de cet accès à la fenêtre d’un monde sans limite à l’imaginaire.
Bonne saison à tous !
Bruno Bonjean